Mon ours à moi

Il est vieux.

Il est gros.

Il est laid.

Il est mal commode.

Mais c'est le mien.

Enfin, pour moi, il n'est pas laid du tout. Mais durant nos premières années de vie commune, lorsque j'osais montrer de quoi il avait l'air aux gens sur les salons de clavardage gais, on me disait souvent un truc genre :

« Qu'est-ce que tu fais avec cette vieille affaire-là ? Tu pourrais avoir n'importe qui de mieux que ça. »

Ah vraiment ?

Le problème c'est que je ne veux pas de n'importe qui. Si j'ai choisi cet homme il y a plus de 20 ans, c'est qu'il est quelqu'un d'extraordinaire. Enfin, c'est sûr que ça, je ne le savais pas encore lorsque je lui ai tendu la main et que je l'ai serré dans mes bras pour ensuite le suivre chez lui.

Notre rencontre

Quand nous revenons sur notre première nuit ensemble, mon chum me confie avoir du mal à comprendre comment j'ai pu lui faire confiance à ce point. Il a été le premier que j'ai accompagné et j'ai été le premier qu'il reçoit chez lui depuis sa rupture avec son ex. Il semble que nous avons été bien chanceux. Enfin, certaines personnes pensent que la chance ça n'existe pas et que s'il nous arrive des choses extraordinaires, c'est parce qu'on a osé permettre à ces choses de devenir réalité.

Le soir de notre rencontre, j'étais comme à mon habitude seul dans mon coin. J'étais triste en songeant que je ne trouverais peut-être jamais personne à aimer, personne qui ne pourrait m'aimer. Tout à coup, je me rends compte qu'un homme plutôt de mon gout (mais je ne le savais pas encore) se tenait debout non loin à me regarder. Ne sachant pas depuis combien de temps il se trouvait là, je me suis précipité, ayant peur que mon inaction prolongée lui donne envie de s'en aller. Je me suis levé et je lui ai tendu la main. Il l'accepta alors, je l'ai tiré vers moi pour le serrer dans mes bras.

Ce premier câlin dura plusieurs minutes. Et quand à un moment donné il s'est comme tout d'un coup détendu et qu'il s'est complètement laissé aller dans mes bras comme s'il avait enfin trouvé ce qu'il recherchait, j'ai à ce moment-là ressenti que moi aussi j'avais enfin trouvé ce que je cherchais. Néanmoins, ce ne fut pas ce que l'on nomme un coup de foudre. Je ne savais encore rien de lui, alors j'ai longtemps conservé un doute. Tout au long de nos différentes rencontres lors de notre premier hiver, plus j'en apprenais à son sujet, plus je l'aimais et j'étais heureux d'avoir osé lui tendre la main. Heureux qu'il l'ait accepté.

Cela fait plus de 20 ans et je n'arrive toujours pas à croire la chance que j'ai que cet homme extraordinaire a accepté de me faire une place dans sa vie. Il dit parfois que cette place, c'est moi qui l'ai prise, mais s'il ne m'avait pas demandé de venir habiter chez lui, il est possible que nous ne serions plus ensemble. Évidemment, on ne le saura jamais.

Il ne faut cependant pas croire que ce fut le parfait bonheur tous les jours. Mon chum étant plus âgé, il avait ses habitudes, ses façons de faire, ses façons de penser, auxquelles j'ai dû m'adapter et ce n'était pas facile. Mais lui il a eu encore plus de mal que moi à s'adapter à mes quelques particularités. De mon point de vue, avant de rencontrer cet homme, j'étais un peu comme un livre blanc. Je n'avais à peu près aucune opinion sur rien. Ou peut-être que j'étais simplement trop habitué à les garder pour moi et à faire comme si je n'en avais pas.

De plus, il disait souvent que je n'avais aucune culture. En effet, si je pouvais connaitre des artistes de nom, je n'aurais pas été capable d'identifier la grande majorité de leurs œuvres. Par exemple, pour moi « L'aigle noir » était une chanson de Marie Carmen que j'avais enregistrée à la radio. Barbara, je ne connaissais pas. Et encore aujourd'hui, je ne saurais faire la différence entre un Renoir et Matisse.

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Ses passions

Ainsi, tout au long de nos premières années, mon chum n'a eu de cesse de tenter de vouloir faire découvrir le monde à son petit bonheur ramassé sur le bord de sa route. Il voulait tout le temps qu'on aille dans les musées, au théâtre et que l'on assiste à divers évènements à travers la ville.

Donc, il est un passionné d'art sous toutes ses formes. Il se passionne aussi d'Histoire et de quelques autres sujets dont la cuisine. Il est lui-même un artiste, même s'il n'a jamais vécu de son art. Il n'aime pas l'expression « artiste amateur ».

Lors de notre rencontre, il avait son propre petit atelier dans l'une des pièces du grand logement qu'il partageait avec ton ex. Il a même un livre d'art en dépôt légal à la bibliothèque nationale. Au fil des années, il a été un petit touche-à-tout. Ses œuvres se présentent sous forme de dessins, de peintures et de sculptures. Oeuvres qui prenaient beaucoup de place dans son petit 4 et demi où il a emménagé l'année suivante.

C'est l'une des raisons pourquoi il m'a demandé de lui apprendre à créer des œuvres virtuelles sur ordinateur. Si j'avais su dans quoi je m'engageais... Le nombre de chicanes que cela a causé... Ayant une mentalité d'artiste, il a grand mal à suivre les enseignements qu'on lui prodigue. C'est comme lorsqu'il cuisine ; il ne suit jamais une recette à la lettre. Mesurer exactement deux tasses de farines, ce n'est pas pour lui. Reproduire exactement les différentes étapes d'un tutoriel qui montre comment créer un effet en particulier dans un logiciel de dessin ou de modélisation 3D, il en est presque incapable. Il cherche toujours à mettre la charrue avant les bœufs. Il touche à tous les boutons et ensuite il se demande pourquoi le résultat n'est pas tel que c'était censé être.

Malgré cela, depuis que je vis avec lui, il a créé tellement d'œuvres numériques allant du simple dessin à de complexes scènes 3D en passant par quelques animations, qu'il nous a fallu régulièrement augmenter la taille de son disque dur. Par moments, j'étais plus ou moins jaloux de tout ce qu'il arrivait à faire alors que moi je peine à travailler sur mes propres projets. Difficile de travailler quand j'ai quelqu'un qui me demande mon aide aux cinq minutes.

Entre 2015 et 2020, il a eu plus de mal à créer parce qu'il s'occupait de sa vieille mère. Il s'est rabattu sur de l'artisanat assis devant la télé à regarder Laurent Turcot ou des séries. Il faisait du crochet, de la broderie ou une étape préparatoire pour un projet de couture, pendant que moi je tricotais, lorsque je n'étais pas plutôt seul de mon côté sur mes jeux vidéos.

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Ses valeurs

Au début de notre relation, il me trainait un peu partout chez ses amis et sa famille. Avec eux il discutait de toute sorte de sujets allant de l'art à la politique et pendant ce temps moi je l'écoutais parler sans dire un mot, soit parce que je n’y connaissais rien, soit parce qu'il m'était impossible d'en placer une, passionné comme il l'était (et qu'il est encore).

Les idées qu'il exprimait sur certains sujets me semblaient bien différentes de ce que j'avais l'habitude d'entendre sortir de la bouche des hommes. Quand par exemple il disait que selon lui on ne devrait pas laisser les gens souffrir inutilement dans les établissements de santé, cela me semblait plus « logique » que de dire que les gens devraient faire des hommes d'eux-mêmes et endurer la douleur.

De plus, quand il expliquait son point de vue sur un sujet donné à ses amis et connaissances, le plus souvent ceux-ci semblaient faire preuve d'une grande compréhension et accepter ses explications comme si elles sortaient de la bouche d'un grand sage. Là où le bât blesse, c'est que moi, lorsque je tentais de faire la même chose et expliquer ces opinions à d'autres, on me disait que j'étais bien naïf et que je n'avais probablement pas eu assez de contacts avec des gens pour comprendre que « dans la vie, ce n'est pas tout noir ou tout blanc. »

Veuillez noter que tout ce qui suit n'est que mon interprétation de ses valeurs, de sa façon de penser et de se comporter. En effet, mon chum n'a pas lu ce texte et n'a rien validé de ce qui suit. Mais après plus de 20 ans de vie commune, il est probable que je le connaisse assez bien maintenant.

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La liberté d'expression artistique

Je ne vais pas m'éterniser sur le sujet parce qu'il semble que je ne comprendrais jamais complètement le côté artiste de sa personnalité. Mais si j'ai bien compris, mon chum pense qu'aucune limite ne devrait être imposée à la liberté d'expression artistique, ce qui n'est pas mon cas. Moi je crois qu'il y a toujours des limites.

Par exemple, un artiste quelconque crée une œuvre représentant deux garçons de 11 ans nus. Oeuvre où l'on peut voir que la main de l'un des enfants est en contact avec le pénis de l'autre. Certaines personnes seront immédiatement choquées alors que d'autres penseront que c'est correct tant qu'aucun des enfants n'a d'érection. Car évidemment, un enfant, c'est un ange dépourvu de sexe. Un enfant n'est même pas censé penser à la sexualité avant la puberté. Moi je n'oserais jamais produire une telle œuvre. Mais certains artistes le feraient justement parce qu'ils aiment choquer.

Dans l'une des bandes dessinées d'Enki Bilal, un artiste crée une œuvre en faisant exploser des gens dans une pièce blanche (si ma mémoire est bonne). Quand j'en parle avec mon chum, il tente de m'expliquer les principes de la démarche artistique et tralala. Je n'y comprends pas grand-chose. Il a beau me dire qu'il ne cautionne pas le meurtre, mais que l'idée de meurtre présente dans certaines œuvres peut être jolie, je ne comprends pas plus.

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Respect du Code de la sécurité routière

N'ayant jamais possédé de voiture, le vélo est pour lui bien plus qu'une manière de se déplacer, c'est aussi un mode de vie. Mais contrairement à la grande majorité des gens qui se déplacent à vélo dans les rues de la ville, il respecte le Code de la route et il tente d'inciter les gens à faire de même.

Donc, pour nous, il est interdit de rouler à vélo sur le trottoir (sauf dans le cas où la signalisation nous oblige à le faire). Il est interdit de bruler un feu rouge. Et on ne roule pas deux vélos de larges. De plus, nous allons même plus loin que le Code de la route en portant un casque lors de chaque sortie à vélo. Avec l'apparition des Bixi, on a remarqué une diminution des utilisateurs équipés d'un casque. On ne peut obliger personne à porter un casque. Mais c'est d'autant plus navrant lorsque l'on constate qu'en plus ces personnes ne respectent pas le Code de la sécurité routière.

Les cyclistes ne sont pas les seuls fautifs. Les automobilistes enfreignent un peu moins souvent les règles que les autres usagers de la route, mais le nombre de fois que nous avons vu des voitures bloquer le passage piétonnier est incalculable. De plus, s'ils respectent bien les feux de signalisation, bien souvent ils conduisent comme des enragés.

Les piétons ne sont malheureusement pas mieux. Ils font leur jogging dans la piste cyclable ou carrément dans la rue. Ils traversent n'importe où et n'importe quand. Un jour nous avons vu une jeune femme traverser la rue nommée Amherst à cette époque à l'intersection de Sherbrooke alors que le feu était vert pour les voitures venant du sud. Évidemment, la jeune femme a failli se faire percuter par une voiture. La femme s'est mise à crier que la voiture roulait trop vite. Qu'importe la vitesse d'un véhicule si tu traverses au mauvais moment ?

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Le droit de choisir de vivre en français

Avant d'emménager avec mon chum, je regardais régulièrement la télévision en anglais, même si je ne comprenais pas toujours tout. En effet, même en ayant eu des cours d'anglais à l'école jusqu'en cinquième année du secondaire, je n'ai pas vraiment appris l'anglais jusqu'à ce que j'en ai besoin pour regarder certaines séries télé. En fait, à cette époque tous les jeux vidéos (sur console) étaient seulement disponibles en anglais et lorsque je me suis mis à lire des livres pour apprendre la programmation, la grande majorité d'entre eux étaient aussi en anglais. Donc, j'ai appris cette langue.

Durant nos premières années de vie en commun, j'ai cru que j'allais pouvoir lui apprendre la langue anglaise afin qu'il soit comme moi capable de la comprendre sans avoir besoin de parler dans cette langue. Effet, si je comprends presque tout ce que je lis en anglais, je ne parle pas cette langue.

Mais mon chum a toujours refusé d'apprendre l'anglais considérant, par exemple, qu'une compagnie qui souhaite vendre un produit au Québec devrait être obligée de fournir une version française du produit et des manuels d'instructions l'accompagnant, le cas échéant. Pour lui c'est une question de respect. Et cela même si l'un des principaux logiciels qu'il utilise depuis des années pour créer ses œuvres virtuelles n'existe qu'en version anglaise.

Malgré cela, je suis plutôt d'accord avec lui sur un point. Des ressources en français devraient être disponibles pour ceux qui en ont besoin. Ainsi pendant des années j'ai travaillé à rendre ces ressources accessibles sur des wikis et en aidant à traduire certains logiciels libres vers la langue française.

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Respect de l'environnement

Quand j'habitais chez mes parents, la boite verte restait près de la porte d'entrée de notre appartement et nous ne la sortions jamais. Je fus surpris de constater à quel point la collecte sélective était importante pour mon chum, mais j'étais plutôt d'accord avec lui.

Quand les caissières des épiceries offrent à mon chum un rabais sur l'essence, c'est un peu comme si elle venait de l'insulter. « Je pollue pas moi. » Car pour lui le vélo est aussi un mode de transport non polluant en plus d'être bon pour la santé. Enfin, ce serait vraiment bon pour la santé si nous pouvions éviter de respirer le rejet des voitures et la fumée de cigarette.

Même lorsque nous sommes tranquillement installés devant la télévision à la maison, ces émanations entrent par nos fenêtres ouvertes au printemps et à l'automne. Des gens à qui j'en ai parlé ont répondu que c'est la raison pour laquelle ils préfèrent vivre en banlieue. Sans se rendre compte que l'utilisation quotidienne de leur voiture ne fait qu'ajouter au problème.

Nous ne sommes pas près de régler nos problèmes de pollution et d'environnement. Cela devrait effrayer les gens qui ont des enfants et pourtant ce sont souvent eux qui se servent le plus souvent de leurs deux voitures afin de conduire chaque enfant à leurs différentes activités et retourner les chercher ensuite. Mais non, ces gens considèrent qu'ils ne sont qu'une goute d'eau dans l'océan et que les vrais pollueurs sont les compagnies. Il ne faut pas leur parler de voiture électrique ; ils craignent de rester coincés dans un banc de neige en hiver.

Mais en fait, si toutes les voitures à essence étaient échangées par des voitures électriques, nous aurions encore un problème. Les batteries, en plus de demander de rares ressources tel le lithium pour leur fabrication, deviendraient une nouvelle source de pollution sans infrastructure de récupération.

En fait, l'idéal serait de pouvoir réduire de beaucoup le nombre de véhicules personnels sur les routes. Pour sauver la planète, il faudrait repenser les villes et créer de nombreux réseaux de transports alternatifs. Du transport collectif, mais peut-être aussi l'utilisation de drones pour la livraison des colis.

Parlant de transport collectif, la raison la plus absurde que j'ai entendue pour ne pas vouloir l'utiliser venait d'une femme qui disait : « Moi je suis petite alors quand les monsieurs lèvent le bras pour se tenir au poteau, moi j'ai envie de vomir à cause de l'odeur qui vient de leur aisselle. »

Bien moi j'ai envie de vomir quand je sens l'odeur d'essence des voitures. Et si l'odeur de cigarette ne me cause pas systématiquement la nausée comme celle de l'essence, il s'agit également d'une odeur dont je me passerais bien.

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Respect de la loi concernant la lutte contre le tabagisme

Des années avant notre rencontre, alors que j'étais toujours un adolescent, je retenais ma respiration au moment de croiser des fumeurs sur le trottoir ou à l'entrée des centres commerciaux et autres. Je ne sais pas si ma mère retenait elle aussi son souffle dans ces moments, mais il faisait une grimace. Et à cette époque, la loi était bien moins sévère.

La loi a changé afin de protéger les gens (surtout les enfants) contre les effets néfastes du tabac et de la fumée secondaire. Il est par exemple interdit qu'une personne fume dans un véhicule où se trouve un mineur, même lorsqu'il s'agit de son propre enfant. Je me demande combien de fumeurs fument malgré tout dans des lieux clos en présence de leurs enfants faisant du même coup de ces derniers les fumeurs du futur.

Le gouvernement dit aux fumeurs que la loi n'est pas contre eux, elle est contre la fumée et elle a pour but de protéger les gens. Mais j'ai l'impression que le problème est que la grande majorité des fumeurs croient que la toxicité du tabac et de la fumée est grandement exagérée par les gouvernements, les médecins et autres scientifiques impliqués. Un fumeur m'a déjà dit : « J'ai plus de 70 ans, j'ai fumé toute ma vie, il n'y a rien là. »

J'ai de plus l'impression que les fumeurs pensent être de pauvres victimes harcelées de toute part. Ils ne peuvent plus fumer nulle part, les pauvres. La loi les a bannis des lieux publics intérieurs. Et maintenant les trottoirs sont un grand fumoir à ciel ouvert où vont tous les employés des boutiques, restaurants et autres établissements, pour en griller une petite pendant leur pause.

Si l'on ose leur dire que leur fumée nous déplait, comme le fait parfois mon chum, ils nous rétorquent « Bien voyons, je suis dehors » comme si leur fumée disparaissait comme par magie, parce qu'ils sont dehors. Et comme si cela ne suffisait pas de devoir croiser des fumeurs chaque fois que nous sortons à l'extérieur, leur fumée entre par nos fenêtres alors que nous sommes tranquilles dans notre petit appartement.

Comprenez-nous bien, nous n'avons rien contre les fumeurs, tant que ceux-ci respectent notre droit de vivre dans un environnement sans fumée. Le fait que nous ayons récemment perdu un ami fumeur mort d'un cancer n'y change rien. Nous restons libres de décider pour soi-même, tant qu'on respecte les autres.

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Respect du règlement municipal concernant les chiens

Nous n'avons pas d'animaux. Mais il nous arrive très souvent lors de nos sorties de voir une personne détacher son chien pour le laisser courir en liberté dès leur entrée dans un parc. À l'entrée du parc, il y a une affiche où figure un chien en laisse. Celle-ci n'est apparemment pas assez claire, car il semble que la grande majorité des propriétaires de chien pensent qu'elle signifie qu'ils ont le droit de laisser leur bête courir librement. Cela est faux. Le seul endroit en vielle où il est permis de laisser un chien libre, c'est le parc à chien. Enfin, sans compter la cour arrière de votre maison.

La plupart des gens à qui il demande de garder leur chien en laisse pensent qu'il a peur des chiens. Encore une fois, c'est faux. Il a peur qu'il arrive malheur à la pauvre bête. Plus d'une fois lors d'une sortie en vélo, nous avons failli percuter un animal qui n'était pas tenu en laisse. En fait, je crois que ça lui est vraiment arrivé lors d'une sortie nocturne il y a plus de dix ans.

Comprenez-vous que dans une telle situation le cycliste n'est pas celui qu'il faut blâmer ? Même un automobiliste n'y pourrait pas grand-chose lorsqu'un animal s'élance subitement devant sa voiture. Bref, si vous aimez votre chien, gardez-le en laisse lorsque vous le promenez. Merci.

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La sécurité et la santé sexuelle

Ayant toujours été du genre courailleux et très porté sur la chose, il a instinctivement senti le besoin d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour se prémunir lui-même des différentes maladies et ne rien risquer de transmettre aux autres.

Je dois avouer qu'avant notre rencontre, j'ai malheureusement eu des contacts à risque avec quelques personnes. Et si nous ne nous étions pas rencontrés, j'aurais surement continué, tout en étant terrifié d'attraper quelque chose. Mais à cette époque, ce n'est pas moi qui serais allé dans une pharmacie pour acheter une boite de condom. Et si je l'avais fait, où aurais-je bien pu les cacher de ma mère ?

On peut dire que c'est une chance que j'aie rencontré cet homme extraordinaire, si on croit à la chance. Voyant à quel point c'était important pour lui, il n'a pas eu besoin de me convaincre. Et lui il était toujours tout équipé, il ne sortait jamais sans avoir dans son sac à dos tout le nécessaire. Même en allant visiter sa vieille mère à Laval. Même lorsque nous nous promenions de boutique en boutique sur la Plaza St-Hubert ou au centre-ville. Il avait toujours sur lui condoms et lubrifiant. Parfois je trouvais cela gênant, comme par exemple lorsque les commerçants demandaient à fouiller son sac à dos. Une forme de discrimination : ils ne fouillaient pas les sacoches des madames.

Si aujourd'hui cette époque est révolue en ce qui le concerne, se protéger lors des rapports sexuels reste l'une de nos valeurs les plus importantes. Même lors de rapports entre nous, nous utilisions le condom. De plus, l'éjaculation buccale était proscrite.

Quand je fais le tour des profils sur les applications de rencontres, je suis souvent atterré de voir la quantité de gens qui refusent d'utiliser le condom. Plusieurs d'entre eux disent qu'ils préfèrent utiliser la petite pilule magique nommée « Prep », comme si cette chimiothérapie préventive pouvait les prémunir contre toutes les infections transmissibles.

C'est certain que les gens sont censés avoir le droit de choisir pour eux-mêmes de suivre ou non les conseils de sécurité. Le problème ici est que, comme sur la route, refuser de suivre les conseils de sécurité ne met pas que votre propre vie en danger. La vie de tous vos partenaires éventuels sera aussi affectée.

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Son beau corps

S'il pouvait nous arriver de chicaner, il suffisait qu'il retire son chandail et je n'avais qu'une envie, le serrer dans mes bras et enfouir mon visage dans sa poitrine légèrement velue. Et c'est encore le cas aujourd'hui.

Avant notre rencontre, j'ai eu l'occasion de serrer dans mes bras quelques autres hommes. Chaque fois j'ai trouvé ce contact peu satisfaisant. Il a été le premier que j'ai vraiment aimé serrer dans mes bras en caressant son beau corps. Le premier et peut-être même le dernier. Mais je dois avouer que je n'ai pas eu beaucoup d'autres occasions de serrer dans mes bras d'autres beaux nounours que lui.

Il m'a fallu quelques années pour comprendre que j'aime vraiment beaucoup le type de physique qui correspond à l'étiquette « bear ». Toutefois, lors de notre rencontre, j'ai fait une erreur. J'ai cru que mon nouvel ami était un homme fort et bien bâti. En fait, s'il est bel et bien un ours, il n'est qu'un petit ours, malgré son tour de taille. Je croise régulièrement dans l'autobus des hommes bien plus costauds que lui. Il a aussi de superbes fesses bien fermes et des cuisses musclées grâce à son mode de vie qui privilégie le vélo à tout autre mode de déplacement.

Si j'ai aimé son corps dès notre premier contact, j'ai aussi été très heureux de découvrir que cela venait avec un pénis qui me plaisait bien. Son membre était presque de la même taille que le mien et j'aimais énormément le prendre dans ma bouche à l'époque où il était capable de conserver son érection. Il est aussi propriétaire de testicules plus volumineux que la moyenne, mais très sensibles.

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Sa vie

Enfant, il était un petit garçon de Laval. Il y a vécu dans une petite maison avec ses parents, son frère et sa sœur. Étant le plus âgé des deux garçons qui avaient presque que le même âge, ses parents attendaient de lui qu'il soit le plus mature et qu'il donne l'exemple. Si son frère faisait des bêtises, sa mère qui était bien occupée à tenir la maison pouvait le chicaner lui, que ce soit par méprise ou non. Malgré cela, il a toujours été plus près de sa mère que de son père. Certains de ses comportements et certaines de ses valeurs proviennent d'elle.

Il a su assez jeune qu'il préférait les garçons. Il était précoce dans bien des domaines et c'est autour de l'âge de 5 ans qu'il a commencé à explorer sa propre sexualité. Peut-être était-ce sa façon de gérer le stress qu'on lui demande déjà d'être le fils modèle.

Lorsqu'il fut enfin adulte, une de ses amies de l'époque lui dit que ça n'avait pas d'allure, qu'il fallait qu'il se trouve un nouvel endroit pour vivre la suite de sa vie. C'est ainsi qu'il se retrouva à Montréal dans son premier petit appartement.

Il eut plusieurs autres chums et amants avant notre rencontre.

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Notre vie

N'ayant pas d'enfants et peu d'amis (zéro en ce qui me concerne), il ne se passait pas grand-chose dans notre vie. Le plus souvent nous menions une petite vie plate en essayant d'être heureux ensemble, malgré nos différences.

Par exemple, moi je me serais bien contenté de vivre seul avec lui et lui faisait des fellations aussi souvent qu'il le désirait, mais pour lui une telle chose n'aurait pas fonctionné. Il avait constamment besoin d'aller voir ailleurs, même souvent juste après nos ébats en privé. Cela me consternait, à l'époque. Même si longtemps avant notre rencontre j'avais imaginé que moi je laisserais mon futur chum libre de courailler, c'était bien plus difficile à vivre que je ne l'avais escompté. Peut-être parce que j'ai fait l'erreur d'accepter de vivre chez lui au lieu de me trouver mon propre appartement. Je n'avais aucun endroit où me réfugier. Et en plus, il me reprochait parfois que je fusse tout le temps là et qu'il n'avait jamais l'appartement pour lui seul.

Lui, il sortait tout le temps partout, plusieurs fois par semaine. Parfois, il allait voir sa famille, ses amis, faire des courses. Mais près de 90 % de ses sorties en solitaire étaient pour avoir des contacts sexuels avec d'autres. Cela durait des heures, durée de déplacement à vélo incluse. Il lui arrivait souvent de me demander si j'avais envie de l'accompagner. Ce que je faisais sans me faire prier au début. Mais plusieurs années plus tard, j'ai commencé à refuser de plus en plus de l'accompagner. Parce que je me suis rendu compte que je n'aimais pas ce genre de rapports avec des étrangers, mais aussi parce que je savais que ça ne l'empêcherait pas de vouloir y retourner seul le lendemain.

Alors j'ai passé la grande majorité de mes soirées seul. Au début mon chum m'a incité à sortir et à aller voir des gens de ma famille. Je me suis vite rendu compte que cela était nocif pour moi. Surtout que lui il en profitait toujours pour courailler dans ces moments. Je préférais rester à travailler sur l'ordinateur, à effectuer des tâches ménagères ou à perdre mon temps sur mes jeux vidéos. Seul avec mon pot de Nutella.

Quand il revenait à la maison comme un gros matou, c'était toujours un peu étrange, parce c'était flagrant au son de sa voix et à sa façon de parler qu'il venait d'atteindre l'orgasme dans les quelques heures qui précédait. Malgré cela, il ne pouvait s'empêcher de commenter en disant « C'était ben ben plate ». Pourquoi continuait-il d'y aller si c'était tout le temps aussi plate ?

Les gens à qui j'en parlais au début sur les salons de conversations de l'époque me disaient que j'étais stupide d'accepter une relation avec un homme qui refuse d'être fidèle. Qu’eux n'en seraient pas capables parce qu'ils avaient besoin d'une preuve d'amour. Même Luc, le gars derrière Mado m'a dit être de cet avis.

Les gens semblaient incapables de comprendre que, des preuves d'amour, il en existe de toutes les sortes. Et il n'y a pas de plus valables que d'autres. Moi si j'aime une personne, je souhaite passer du temps avec cette personne et le reste importe peu. Donc, le plus souvent, lorsqu'il me demandait de l'accompagner pour une sortie quelconque, j'allais avec lui juste pour être avec lui.

Nous marchions souvent d'un bout à l'autre de la rue Sainte-Catherine en passant par diverses boutiques. Parfois par le village. D'autres fois nous montions la rue Saint-Laurent. Nous allions voir son ami hétéro (et fumeur) qui travaillait non loin. Nous allions assister à des spectacles. Nous allions au musée et au théâtre. Parfois au cinéma. Mais il y avait un gros hic.

Lors de toute sortie (et c'est encore le cas aujourd'hui), mon chum ne pouvait s'empêcher de faire savoir son déplaisir chaque fois qu'il croisait un fumeur, ou un cycliste sur le trottoir, ou un automobiliste qui dépasse sa ligne d'arrêt, ou un piéton qui traverse au feu rouge, etc.

J'ai eu beau pendant des années lui dire que ça ne sert à rien qu'il parle ou crie après le monde qui se comportent mal sur la rue. Il n'a à peu près rien changé à son comportement. Comme on dit, c'est plus fort que lui.

Alors, à un moment donné, j'ai commencé à refuser de plus en plus de l'accompagner. De toute façon, lui il préfère sortir à vélo et moi je préfère être à pieds. Alors il nous arrive parfois de nous déplacer séparément pour nous rejoindre sur place. Mais ça ne change rien au fait que s'il croise des fumeurs à moins de 9 mètres d'une porte d'entrée...

Autre histoire. Il y a un peu moins de 10 ans, j'ai eu peur de le perdre lorsque je découvris sur notre répondeur un message où il disait se trouver à l'hôpital. Il ne donnait pas les détails alors c'est seulement en lui rendant visite que j'ai su qu'il s'agissait d'une vilaine fracture du plateau tibial.

Cette blessure lui a été infligée d'une manière plutôt stupide et tout à fait évitable. Alors qu'il était à vélo, un employé de la ville a ouvert la porte de son véhicule sans regarder. Il n'a pas percuté la porte grande ouverte à pleine vitesse, heureusement. Mais il est tombé sur le côté, son pied encore attaché à l'étrier de la pédale de son vélo. Le genou a ainsi été tordu. L'articulation a éclaté. J'ai mal juste d'en parler.

Il est resté à l'hôpital environ deux semaines et sur le sofa à la maison encore deux autres semaines, si ma mémoire est bonne. Si on peut dire que la facture a fini par guérir, il conserve des séquelles de cette blessure. Il ne peut plus marcher sur de longues distances et il a tout le temps mal au dos. Cela n'a pas aidé sa sexualité déclinante.

Durant la pandémie, nous avons perdu sa vieille mère qui est décédée seule dans un établissement pour personnes âgées à autonomie déclinante. Peu après, nous avons perdu notre ami fumeur, comme je l'ai mentionné à quelques reprises. À la fin de sa vie, il avait si froid que sa famille n'a pas eu le cœur de lui retirer la tuque et les mitaines que je lui avais tricoté et fait feutrer. Je trouve ça un peu dommage, ils auraient pu les donner à un organisme de charité, mais ce n'est pas grave. Ça fait juste un peu plus de cendres dans l'urne.

Bref, ensemble nous avons vécu une belle vie avec des hauts et des bas, comme tout le monde, et il nous reste encore de belles années à vivre ensemble.

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